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  • Photo du rédacteurPhilippine Labrousse

Nouvelle-Orléans et pandémie de covid-19: « L'histoire continue de façonner la musique locale. »

Dernière mise à jour : 16 oct. 2020


Une «second-line» à la Nouvelle-Orléans © Eric Waters

Une «second-line» à la Nouvelle-Orléans © Eric Waters


Ceux qui y ont mis les pieds ne peuvent plus l'oublier, c'est la Nouvelle-Orléans. Cette ville de Lousiane située sur les rives du Mississipi dans le sud des Etats-Unis vous reste dans la tête et vous colle à la peau. Surnommée le "Big Easy" pour sa vie nocturne effervescente et son mode de vie décontracté, cette ville si singulière est le fruit d'un brassage de cultures françaises, espagnoles, africaines, américaines et créoles. La Nouvelle-Orléans est connue mondialement pour son carnaval, le Mardi Gras, lui-même précédé de plusieurs semaines de défilés costumés, fanfares et parades en tous genres. Ville-berceau du jazz, la musique

est l'ADN de la ville. Jour et nuit, elle résonne à tous les coins de rues. Or, cette ébulition ne s'arrête pas là. On retrouve toute l'année des centaines de festivals aux thématiques les plus farfelues les unes que les autres : le festival de l'écrevisse ça vous tente ?


Grand chef des indiens Seminoles à Mardi Gras © Jacqueline Marque


A la Nouvelle-Orléans, le patrimoine culturel et musical a survécu à plusieurs drames et catastrophes naturelles, notamment les ouragans qui touchent la côte très régulièrement. On pense surtout à l'ouragan Katrina ayant ravagé la ville en 2005. Face à la crise sanitaire mondiale dûe à l'épidémie de covid-19, la Louisiane a été, et reste gravement touchée. Nous sommes allés à la rencontre de Greg Lambousy, directeur du musée du Jazz de la Nouvelle-Orléans afin de comprendre de quelle manière les institutions culturelles font face à ces évènements. 


Le musée du Jazz de la Nouvelle-Orléans


Situé dans le quartier le plus emblématique de la Nouvelle-Orléans: le quartier français aussi appelé le Vieux-Carré, le musée du jazz célèbre le jazz et son histoire à travers des expositions, un centre de recherche ouvert à tous, des programmes éducatifs ainsi que des performances musicales. Ce musée public contient aussi un immense espace d'archives privées, où l'on retrouve la plus grande collection liée au jazz du monde (instruments, partitions, photographies, enregistrements..), notamment le premier cornet à pistons de Louis Amstrong. 



Rencontre avec Greg Lambousy, directeur du musée du Jazz 


 © Curtis Knapp


Comment décririez vous la vie à la Nouvelle Orléans avant la crise du covid-19? 


Presque idyllique ! On avait un programme très chargé avec des rendez-vous quotidiens :  des festivals, des ouvertures d'expositions, des concerts et des programmes éducatifs. 


Comment cette situation a affecté la vie quotidienne et culturelle ? La musique est-elle moins une priorité pour la population ? 


La pandémie a réellement affecté tous les aspects de la vie. La musique est restée une priorité pour la population, mais pas de la même façon. On a tous dû s'adapter pour continuer à être un lieu de création et de visibilité pour les artistes mais aussi pour permettre au public de garder accès à la musique et à son histoire dans le respect des normes sanitaires.



La Nouvelle-Orléans, premier jour de quarantaine © nolajazzmuseum


Qu'est-ce qui a changé au musée du Jazz ? 


La Nouvelle-Orléans a été fortement touché par la crise sanitaire. Il y a eu énormément de cas à la suite de Mardi Gras où des visiteurs du monde entier se sont réunis à la fin du mois de février. On a du fermer le musée en Mars. A partir de ce moment-là, on a transposé tous nos évènements physiques en évènements virtuels que l'on a diffusé via Facebook Live. On a lancé deux séries d'évènements : «Quarantunes» et «Jazz from the Balcony» (Jazz au balcon)




Cole Williams Band, Trémé-Lafitte Brass Band, New Orleans Swamp Donkeys © Eliot Kamenitz


En Mai, on a réouvert à 25% de nos capacités quand la ville est entrée dans la phase 1 de déconfinement. Actuellement, on est dans une version un peu limitée de la phase 2 puisque le nombre de cas continue toujours d'augmenter. 


Les concerts Jazz au Balcon étaient d'abord purement virtuels. En phase 2, on a réouvert les portes du musée. Notre bâtiment est large et est entouré d'un grand espace vert. On a pu reprendre les performances : on laisse entrer 50 personnes au maximum dans la cour et ensuite on ferme les portes, ce qui n'empêche pas les passants de profiter de la musique tout autour du bâtiment. 


Les concerts sont devenus très populaires, ils nous donnent de l'espoir et nous rendent euphoriques. Ils sont aussi une source de financement pour les musiciens dans cette période de crise. Lors de chaque concert, on indique les comptes Paypal et Venmo des musiciens sur notre page facebook. Cela a beaucoup aidé nos musiciens locaux. Le musée rémunère tout ceux qui coordonnent cette diffusion live. Heureusement, on a reçu des subventions et des dons qui nous ont permis de tenir debout. 



© New Orleans Jazz Museum


Avez-vous collaboré avec d'autres institutions pour créer de nouveaux projets ?


En juin dernier, nous avons collaboré avec la radio TSF Jazz lors de leur festival virtuel. De nombreux partenariats sont prévus, notamment avec l'Orchestre philharmonique de Lousiane. On dispose aussi de plusieurs canaux de diffusion, tels que la Louisiana Music Factory, les Studios Dowman ou encore que la radio phare de la Nouvelle-Orléans, WWOZ Radio connue dans le monde entier. Ils diffusent nos performances virtuelles.


Quelles sont les autres formes de performance musicale qui ont été imaginés dans la ville ? 


Le principal objectif est de trouver une audience. Cet élan a engendré de la créativité sous de larges formes. Une étude complète est attendue dans le futur mais on sait par expérience qu'elle peut prendre des formes diverses. J'écris ces mots comme l'aurait fait un journaliste du 19ème siècle mais ce n'est pas pour rien (rires), c'est une étape historique. 




Le pianiste Joe Krown déambulant les rues au piano à l'arrière d'un pick-up

© Sophia Germer


D'après vous, est-ce que la scène musicale de la Nouvelle-Orléans va être transformée sur le long terme ?


De nombreux évènements historiques ont affecté la musique et ont participé à sa création. Cette pandémie va sans doute avoir un impact mais ça ne veut pas dire que la musique va s'arrêter. Cela signifie juste que la musique va se plier aux circonstances et prendre une nouvelle direction. On verra où ça nous ménera. 


Quels sont vos évènements à venir ? 


A la rentrée, on prévoit Nola River Fest du 22 au 27 Septembre. Cet évènement a lieu tous les ans depuis plusieurs années. Ce festival célèbre la rivière du Mississipi, ses aspects culturels, économiques, écologiques. Cette année, il sera intégralement virtuel. Pour le mois d'avril 2021, on est déjà en train de préparer un extravaganza (spectacle somptueux) qui aura lieu en même temps que la célèbre Jazz Fest de la Nouvelle-Orléans, incluant un défilé de couture, de la dance et un spectacle de lumière.


Des évènements à suivre pour les passionnés de jazz en France ? 


Tous nos évènement virtuels sont diffusés en live et en replay sur notre page facebook/ https://www.facebook.com/nolajazzmuseum


  • 18 Août : Sam's Funky Nation 

  • 25 Août Jelly Joseph

  • 1er Septembre: Warm Daddy 

  • 8 Septembre (Nayo Jones) : à ne pas manquer ! 

  • 15 Septembre: Honey Island Swamp Band 

  • 22 Septembre: Kinfolk Brass Band

  • 29 Septembre: Cha Wa


Propos recueillis par Philippine Labrousse


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